L’expérience de pensée de la crème glacée de Noam Chomsky

[Traduit de l’anglais rapidement]

Noam Chomsky, philosophe, linguiste, intellectuel et militant politique, a utilisé cette expérience de pensée à plusieurs reprises dans des livres et des interviews.

Il demande d’imaginer un scénario dans lequel vous voyez un enfant en train de savourer une glace, et un adulte passe par là et lui vole.

Il existe plusieurs niveaux différents, et j’espère rendre justice à cette idée.

Le premier point est qu’en tant qu’observateur, vous pourriez être troublé, voire en colère, à cause du vol. Cependant, Chomsky demande de prendre du recul, afin de considérer quel est le contexte plus large, ou pourrait être : qui profite réellement du vol, qui sont les personnes en jeu, quelles sont les dynamiques et les structures qui ont conduit à cette situation particulière où l’enfant mange une glace et l’adulte la vole.

Il utilise cette idée pour illustrer la différence entre une réponse émotionnelle immédiate (trouble ou colère) à quelque chose qui est clairement moralement mauvais, et les mécanismes plus complexes et les engrenages entrelacés des structures de pouvoir et d’autorité.

La métaphore, c'est que nous, les êtres humains, avons tendance à réagir émotionnellement à ce qui est immédiatement visible, peut-être au point d'être aveuglés et de nous empêcher de remettre en question ou de comprendre le contexte plus large, les explications plus complexes ou la dynamique du pouvoir.

J'aime ça parce que je pense que c'est aussi le cas en matière de stratégie de marque. Une marque bien gérée doit être simple et émotionnellement convaincante. Cependant, pour en arriver là, il faut se poser des questions complexes et les explorer, par exemple en termes de catégorie d'activité dans son ensemble, de concurrents et de tous les composants du marketing.

L'autre point plus large que j'apprécie dans cette expérience de pensée, c'est qu'elle constitue également un commentaire ou un défi aux visions du monde trop cyniques et désespérées.

Il est plus facile de croire que le monde est tellement dominé par les structures de pouvoir et que chacun est dans son élément, pour en tirer la conclusion que les efforts pour changer les choses de manière positive seraient inutiles ou naïfs.

Mais revenons à cet enfant qui mangeait joyeusement une glace. Vous voyez un adulte voler de la glace et vous voyez que c’est moralement mal, vous pouvez le sentir. Chomsky soutient que nous avons la capacité de nous soucier des autres, et c’est aussi important en soi.

Nous sommes non seulement capables de prendre du recul et de considérer un contexte plus large, mais nous avons aussi une boussole morale, nous pouvons faire confiance à notre sens de ce qui est bien ou mal et agir. En réprimandant le voleur, par exemple, ou en consolant cet enfant et en lui achetant une autre glace, peut-être.

Même si nous pouvons voir qu’il y a des problèmes plus importants dans le monde et des structures de pouvoir, nous pouvons faire des choses qui comptent, et qu’il est important d’avoir de l’espoir et de faire ce qui est juste.

Cette vidéo parle de l’idée avec un grand nombre de méchants classiques qui volent de la glace aux enfants dans divers films, elle vaut la peine d’être vue.

Dans cette interview de 1988, Chomsky évoque brièvement l'expérience de pensée vers la fin, à propos du vol de bonbons à un enfant dans ce cas. Vous pouvez également lire l'expérience de pensée sur la glace dans Comprendre le Pouvoir de Noam Chomsky.